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Provocation orale: Un contact délibéré
Chaque semaine, quinze à vingt tests de provocation orale sont réalisés dans la clinique pédiatrique sous la direction du Dr méd. Oliver Fuchs, allergologue et pédiatre, lorsqu’une allergie est suspectée. Mais pourquoi donc exposer volontairement son enfant à une source de danger potentielle?
«À l’aide de la provocation orale, nous pouvons définitivement confirmer ou exclure une allergie à un déclencheur donné. Elle nous permet aussi de découvrir la quantité à partir de laquelle apparaissent les symptômes allergiques», explique Oliver Fuchs. La provocation orale permet surtout de tester des aliments, mais les réactions à des médicaments ou des venins d’insectes peuvent également être évaluées. La détermination définitive du déclencheur offre plus de sécurité aux parents et aux enfants concernés dans leur gestion quotidienne de l’allergie et simplifie ainsi leur vie. Le besoin est grand: il faut attendre presque six mois pour pouvoir passer le test.
Issu de la pratique
Le muesli au lait de soja est à peine avalé et Nicolas doit vomir. Serait-ce une infection gastro-intestinale? Hannah, la maman de Nicolas, était alarmée, car ce symptôme lui semblait connu: Nicolas souffre d’une allergie au lait depuis qu’il est bébé. Soudain, l’enfant âgé de six ans semble être sans énergie et elle appelle l’ambulance, car elle craint un choc allergique. Gyrophare bleu allumé, l’enfant est amené à l’hôpital et Nicolas se sent rapidement mieux grâce au bon traitement. L’ingrédient dans le muesli qui a déclenché l’allergie n’est toutefois pas encore déterminé. Les soupçons se portent sur les noix, les arachides ou le sésame. La famille renonce donc d’abord à ces allergènes potentiels. Hannah les évite partout, même dans les aliments qui n’en contiennent que des traces. Une contrainte énorme pour tous. Mais est-elle vraiment nécessaire?
Un travail de détective – à un milligramme près
Pour détecter quelle est l’allergie, la mère et le fils sont de nouveau dans la clinique pédiatrique, chez le Dr méd. Oliver Fuchs, aujourd’hui. Un bilan complet, avec anamnèse, tests sanguins et cutanés, a déjà été réalisé chez Nicolas. Les premières provocations aux aliments ont également déjà eu lieu et le résultat est clair: une seule noix de cajou peut déjà être dangereuse. Les amandes, les noisettes et les arachides ont heureusement pu être exclues comme allergènes. Nicolas a maintenant devant lui un pot de yogourt à demi vide contenant quelques graines de sésame: il a commencé avec 0,02 gramme ce matin et, peu avant midi, arrive maintenant à la dernière quantité, avec 16 grammes de sésame. «Ce n’est vraiment pas facile de transformer cette quantité de sésame en un menu passable», dit Hannah en riant et étale la pâte entre le cervelas et le petit pain. Nicolas lève brièvement les yeux avant de poursuivre son jeu.
Une cadence exacte
Un test de provocation orale aux aliments se déroule toujours selon le même schéma. La personne concernée mange ou boit une certaine quantité de l’aliment suspect à des intervalles strictement déterminés. La quantité avec laquelle le test débute et la manière dont les quantités sont augmentées sont exactement définies et diffèrent en fonction de l’allergène. Les signes vitaux de la personne testée, par exemple le pouls et la pression artérielle, sont étroitement surveillés pendant toute la procédure. Le pédiatre explique: «S’il devait y avoir une réaction allergique, nous arrêtons directement le test dès les premiers signes clairs et, en cas de doute, après leur répétition. Nous administrons les médicaments d’urgence si médicalement nécessaire. Nous avons toujours à portée de main des antihistaminiques, des stéroïdes ou un stylo d’adrénaline.» Pour éviter, si possible, des réactions allergiques sévères, un diagnostic approfondi est toutefois réalisé avant chaque test, afin de déterminer le risque d’une telle anaphylaxie. Si le risque est élevé, un accès veineux est également mis en place, afin de pouvoir, le cas échéant, administrer plus rapidement les médicaments d’urgence. Le nombre de provocations nécessaires dépend de plusieurs facteurs. «Avec les aliments, la composition du repas qui a entraîné les symptômes est déterminante», explique Oliver Fuchs et ajoute: «La parenté botanique doit également être prise en compte. Si quelqu’un réagit par exemple aux noisettes, il faut éventuellement tester aussi les autres types de noix, car leurs allergènes sont similaires et pourraient donc entraîner des réactions croisées.»
Avec doigté
«Je n’aime pas cela!» – de nombreux parents connaissent bien cette réaction au repas de midi à la maison. L’équipe d’Oliver Fuchs se retrouve également régulièrement confrontée à ce défi. «Chez nous aussi, il arrive qu’un enfant n’aime pas quelque chose. Il faut alors être patient et trouver une solution astucieuse.» Par exemple, utiliser un morceau de cervelas comme camouflage. «Il faut également de l’expérience pour reconnaître si l’enfant vomit parce qu’il n’aime pas un aliment ou parce qu’il y réagit allergiquement.» Tout est calme jusqu’à présent dans le local pour les tests de provocation: un enfant fait rouler son auto, un autre choisit un nouveau livre et Nicolas mange la bouchée suivante de son sandwich au cervelas-sésame.
Une attention continue
Il est presque onze heures et Nicolas a terminé le test, sans problème pour l’instant. Maintenant, il s’agit d’attendre s’il aura encore des réactions. Hannah est contente de savoir ainsi que le sésame n’est pas un déclencheur non plus. «Cela nous donne de nouveau plus de possibilités pour nos menus.» Quelles sont les prochaines étapes? Oliver Fuchs: «Pour observer l’évolution, les enfants testés sur des allergies sont automatiquement pris en charge par la clinique pédiatrique. Par exemple, pour reconnaître à temps si une nouvelle allergie s’ajoute ou si une allergie disparaît avec le temps. «Chez les petits enfants surtout, il y a de grandes chances qu’une tolérance se développe en cas d’allergie aux œufs ou au lait par exemple. C’est pourquoi les tests sont répétés après six mois environ.» Les échanges réguliers avec le médecin restent importants jusqu’à la puberté. Également pour montrer que renoncer aux déclencheurs d’allergies est quelque chose à prendre vraiment au sérieux. Au revoir donc, Nicolas et Hannah.
Texte publié dans l’aha!magazine, auquel vous pouvez vous abonner gratuitement ici.